top of page

Chaque espèce a son lait spécifique

Il ne plaît pas à tout le monde de se voir comparé à un mammifère. Il est de bon ton pour d'autres de se sentir en famille avec toutes les autres créatures vivantes de cette planète. Quand on travaille en périnatalité, auprès des femmes enceintes, on peut facilement observer que l'être humain est un mammifère dans toute sa splendeur. Ses difficultés et ses émotions concernant la grossesse ou la naissance (et même parfois concernant l'allaitement) sont une affaire de culture.




Le choix..?


La très récente notion de "mode d'alimentation du bébé" et toute aussi jeune conception de "choix" de ce mode d'alimentation est bien sûr issue d'une volonté de profit. Avant, on ne se posait pas la question, on plaçait le bébé au sein dès sa naissance et si la mère n'était pas disponible, une autre mère offrait ce service. Il y eu même une mode de faire nourrir les nourrissons par des employées, les nourrices. Toutes ces pratiques restent coutumières à la plupart des mammifères (sauf la rétribution pour le service!). Mais aller à l'épicerie ou à la pharmacie acheter des boîtes de préparation commerciale à rendre liquide pour la mettre en bouteille et ensuite alimenter l'enfant ainsi équipé relève plutôt d'un acquis culturel.


Un produit de consommation


Certains petits malins dans la société en plein essor industriel ont profité d'une époque ou les femmes devaient aller travailler pendant et après la guerre. Il flottait également un vent de changement social ou la gent féminine souhaitait se libérer des obligations contraignantes des mères de famille, de la vie domestique et de l'aliénation au patriarcat. Les balbutiements pour mettre au point des préparations comestibles aux nourrissons (qui ne les tue pas) partaient d'une bonne volonté. Venir en aide aux orphelins, aux démunis, aux enfants privés de leurs mères et de leur lait. Sauf que c'est vite devenu un produit commercial sur lequel ambitionner pour s'enrichir. La mise en marché dans les pays du Nord de ces PCN (préparations commerciales pour les nourrissons) s'est faite sans prudence. Une absence de règles pour encadrer ou étudier les effets courts ou longs termes sur les enfants ainsi alimentés. C'est ainsi que nous avons assisté depuis l'entre-deux guerres mondiales à une des plus vastes expériences à échelle internationale sur des humains. Encore aujourd'hui, même si l'information existe au sujet des ces PCN, il reste que le travail de publicité pour ces (très) grosses compagnies est beaucoup mieux financé que le travail en allaitement maternel disponible au grand public...


L'histoire de l'introduction des PCN (préparations commerciales pour les nourrissons) dans nos sociétés industrialisées montre que le marketing de ces compagnies qui les produisent était très fort. Quelques générations plus tard, beaucoup de gens croient encore que la composition, les nutriments et la valeur de ces formules équivalent presque au lait maternel. Certaines personnes pensent encore aujourd'hui que la seule différence entre les deux concerne quelques anticorps supplémentaires dans le lait humain.

Ce n'est pas exactement ça. Et même loin d'être vrai.


Le lait humain est fabriqué pour le bébé humain.


Parce que le développement du petit humain et de son impérieux cerveau réclame certains nutriments spécifiques. Il s'agit expressément de ce dont celui-ci a besoin pour un développement optimal de tous ses systèmes; cérébral, immunitaire, digestif, nerveux, sanguin, etc.

Le lait des mères phoques quant à lui possède un fort volume de lipides nécessaires à faire face aux grands froids. Ces bébés phoques ne tètent qu'une fois tous les 3 ou 4 jours, alors imaginez ce que peut contenir ce lait pour les nourrir, mais aussi lui fournir la couche de graisse protectrice et l'énergie dont il a besoin pour survivre dans des eaux glaciales!

Le lait des vaches de son côté permet au petit veau d'acquérir rapidement une forte masse musculaire, afin de rester seul et calme longtemps lorsque sa mère part part en quête de nourriture. Ce lait est donc particulièrement riche en protéines, et plus spécialement en caséine qui elle contient des casomorphines, famille de substances qui induisent le sommeil. Mais le lait des vaches contient très peu de lactose, une forme de glucides que le cerveau humain consomme en grand quantité durant les deux premières années de sa vie pour son développement optimal.

Bien sûr, il convient aussi de dire que ce sont parfois les combinaisons des éléments des différents laits qui surviennent aux bons moments dans la vie des bébés mammifères. Certains Omégas par exemple ne sont assimilés par la digestion que s'ils sont combinés à d'autres enzymes présentes dans le lait maternel. Vous pouvez ajouter des Omégas en quantité importante dans les PCN, si le bébé n'a pas les fameuses enzymes qui devraient aller avec (mais qui sont inimitables synthétiquement), son système éliminera directement les Omégas que vous aurez payé plus cher. Ainsi, le lait maternel chez les humains s'adapte à l'âge de l'enfant et aux capacités digestives de celui-ci. C'est la même chose chez toutes les espèces mammifères, et leurs laits spécifiques.

Que penser alors du lait de vache produit de façon industrielle et transformé pour faire partie d'une préparation enrichie de quelques vitamines de laboratoire pour tenter de ressembler au lait nécessaire au bébé entre 3 et 6 mois...? Cette préparation est tout sauf vivante, les vaches qui ont fournis ce lait sont élevés et entretenus sans regard au besoin d'un nouveau-né humain de 2 jours, ou de 4 mois? ou de 18 mois?

Pensons-y bien.


Voici un tableau comparatif des deux laits qui nous intéressent:


Source: Blog Elsevier (avec permission)

Et que penser des préparations commerciales pour les nourrissons à base de laits de soya, de chanvre ou de noix? Peut-on imaginer que la noix a prévu des nutriments attitrés au développement du cerveau des humains? Les besoins spécifiques de nos bébés pourraient-ils être comblés par un végétal, aussi riche et nutritif soit-il dans la suite de nos vies...? En effet, l'humain est omnivore et il est intéressant de croire qu'il peut absorber toute une variété d'aliments. Si sa maturité digestive lui permet de le devenir, généralement ce qui a lieu dans son organisme durant les premières semaines de son existence va déterminer la santé future de cet individu.

Ces aliments et leurs dérivés présentent de belles qualités nutritionnelles. Et les adultes auraient tort de ne pas varier leurs apports nutritifs, énergétiques. Par contre, il est important de comprendre le nouveau-né vient au monde avec un système digestif tout neuf, et immature. Cet appareil, qui n'a pas encore servi, doit être d'abord colonisé adéquatement par son environnement (la naissance, les bons microbes de sa mère, etc). Ensuite le passage du colostrum va permettre de «démarrer» de façon idéale la maturation de ce système. Le lait maternel participe vraiment à construire des bases sur lesquelles le développement du bébé sera à son meilleur.


Préférons que le lait des mamans kangourous reste aux bébés kangourous, que le lait de maman dauphin profite à son bébé dauphin qui fait des bonds dans l'eau.


Mon dernier point pour ce billet, c'est de faire un petit rappel sur la recommandation de l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé). Dans l'ordre de priorité, pour la santé du nouveau-né et sa future santé d'adulte, l'OMS recommande;

1. Le lait maternel bu au sein (l'allaitement);

2. le lait maternel bu autrement (tire-allaitement);

3. le lait maternel d'une autre mère (banque de lait ou personne signifiante autour de vous?);

4. Préparation commerciale commerciale pour nourrissons si possible avec un plan de retour partiel ou complet vers l'allaitement.


Intéressant de voir qu'en cas de difficulté ou de défi en allaitement, la première alternative idéale n'est pas de se rabattre sur les formules. Il y a beaucoup de choses à tenter avant d'offrir le supplément de PCN au bébé (ou à sa mère découragée, mal soutenue, mal informée).

Développer le soutien et l'aide professionnelle en allaitement du service public. Développer les banques de lait humain, et améliorer un accès plus vaste. Une accompagnante pour chaque famille qui attend un bébé. Plus de sages-femmes, plus de maisons de naissance, plus d'hôpitaux reconnus Amis des bébés, plus de cliniques d'allaitement (et de financement pour la recherche), etc.


Enfin, faut changer la culture... Pas juste dire aux mères que le lait maternel est "meilleur" pour leurs bébés. En fait, le lait maternel est ce qui est juste normal et adapté à ses besoins. Alors rendons normal tout le reste, et aidons les mères à rendre ça facile.


Nathalie -



 
 
 

Comments


Me contacter

Écrivez-moi pour poser vos questions, évaluer vos besoins et discuter de vos projets!

Merci pour votre temps!

514.445.25.65
  • Facebook
  • Instagram

© 2024 par Nathalie Albertini. Créé avec Wix.com

bottom of page