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La justice reproductive

La justice reproductive : un droit fondamental dans les sociétés occidentales

La justice reproductive, c’est bien plus qu’une question de santé ou de droits : c’est une question de liberté, de respect et de dignité. Dans nos sociétés occidentales, où l’on se targue souvent de défendre les droits humains, cette question devrait être au cœur de nos préoccupations. Pourtant, même ici, dans des pays comme les États-Unis ou le Canada, des milliers de personnes se battent chaque jour pour accéder à des droits reproductifs de base, des droits qui devraient pourtant aller de soi.



Autonomie corporelle : un droit mis à mal


Au cœur de cette lutte, il y a l’autonomie corporelle, ce droit fondamental de disposer de son corps comme bon nous semble. Chaque individu, qu’il soit homme ou femme, cisgenre ou trans, blanc ou racisé, devrait pouvoir choisir librement d’être parent ou non, sans être jugé ni discriminé. Et pourtant, en Amérique du nord, ce droit est loin d’être garanti pour tous.

Malgré les avancées législatives de ces dernières décennies, des barrières persistantes continuent d’entraver l’accès à la contraception, à l’avortement ou à des soins prénataux dans certaines régions. Ces inégalités sont particulièrement visibles chez les femmes issues des communautés racisées, des populations à faible revenu et des personnes vivant dans des zones rurales ou éloignées des grands centres urbains. En 2023, plusieurs États américains ont restreint l'accès à l'avortement après la révocation de l'arrêt Roe v. Wade[1], créant une situation de chaos et d'inégalité, même pour celles vivant dans des régions où cet accès était autrefois garanti. Les stérilisations forcées des femmes autochtones au Canada est un exemple tragique de violation des droits reproductifs, qui ont constitué une forme de violence systémique visant à contrôler la reproduction des communautés autochtones, perpétuant ainsi les inégalités sociales et le racisme institutionnel, pour ne pas dire des actes génocidaires.


Les inégalités géographiques et socio-économiques


Prenons l’exemple des femmes vivant dans des régions rurales ou dans des zones où l’accès aux services de santé est déjà limité. Aux États-Unis, notamment dans le Sud et dans certaines parties du Midwest, de nombreuses femmes doivent parcourir des centaines de kilomètres pour accéder à des cliniques d’avortement ou de soins gynécologiques. À cela s’ajoutent des coûts prohibitifs, la stigmatisation sociale et, souvent, la peur de représailles politiques. Au Canada, on sait que les grands espaces font partie des charmes touristiques appréciés par les visiteurs. Bien que l’accès à l’avortement soit légal, les femmes vivant dans des régions reculées ou dans des provinces moins bien desservies par les services de santé peuvent se retrouver dans une situation similaire, étant obligées de quitter leur domicile et leur communauté pour accéder aux soins nécessaires. Ça devient beaucoup moins charmant quand on ne peut pas se déplacer pour des raisons économiques.

 

L'impact des inégalités raciales et économiques


Les inégalités raciales jouent également un rôle majeur dans l’accès aux soins reproductifs. Aux États-Unis, les femmes noires et latinas rencontrent souvent des obstacles supplémentaires, que ce soit en raison de discriminations explicites dans le système de santé ou de leur incapacité à se permettre des soins de qualité. En effet, ces communautés sont confrontées à un accès limité à des services de santé reproductive et à une désinformation persistante sur leurs droits. Ce n’est pas un hasard si les taux de mortalité maternelle chez les femmes noires américaines sont trois à quatre fois plus élevés que pour leurs homologues blanches.

En parallèle, les personnes vivant dans la pauvreté ou les travailleurs à faible salaire, qui n'ont pas d'assurance santé, se retrouvent dans une situation de précarité absolue quand il s'agit d’accéder à des services de contraception ou à des soins prénataux. Et ce n'est pas qu'une question d'argent : c'est aussi une question d'autonomie. Ces inégalités économiques, souvent invisibles, restreignent sévèrement la liberté des individus à prendre des décisions éclairées concernant leur propre corps. ​Selon les données de Statistique Canada, au 1ᵉʳ janvier 2024, le Canada comptait 328 898 demandeurs d'asile, qu'ils soient titulaires ou non d'un permis de travail ou d'études. Ce ne sont pas toutes ces personnes qui sont susceptibles de recevoir des soins de santé pour eux mêmes ou leurs enfants. D'autant plus qu'il leur faut naviguer dan un système en crise, qui peine à fournir un médecin à tous les citoyens bénéficiaires d'une assurance maladie.


Des voix qui s’élèvent, des combats à mener


Mais on peu cultiver l’espoir et s'attacher àa celles et ceux qui luttent pour changer les choses. Partout en Amérique du Nord, des voix s’élèvent pour défendre la justice reproductive. Des activistes, des militantes, des professionnels de la santé et des organisations de la société civile se battent pour que l'accès aux services de santé reproductive ne soit pas un privilège réservé à certaines, mais un droit fondamental pour tout le monde. Ces voix exigent des changements, tant sur le plan des politiques publiques que des pratiques sociales.

Des campagnes de plaidoyer, des manifestations, des formations en éducation sexuelle, et des initiatives communautaires sont mises en place pour rendre visibles ces inégalités et inciter à l'action. Par exemple, les "Black Mamas Matter Alliance" et d’autres groupes se battent pour améliorer les conditions de santé des femmes noires et racisées aux États-Unis, et pour dénoncer la violence institutionnelle à laquelle elles font face. Les "Mères au front" portent aussi ce type de revendications au Québec, on les a vu se mobiliser lors de l'élection présidentielle américaine de novembre 2024. Fondé par l'écosociologue Laure Waridel et l'autrice Anaïs Barbeau-Lavalette, ce collectif a organisé des manifestations pour exprimer leur opposition aux politiques de l'administration Trump, notamment en ce qui concerne les droits des femmes. 

Le 8 mars 2025, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Mères au Front a orchestré des chaînes humaines devant les consulats américains à Montréal et à Québec. Les participantes, vêtues de rouge, ont observé huit minutes de silence pour dénoncer les politiques de Donald Trump et d'Elon Musk.



Un appel à l’action : justice reproductive pour tous.tes


La justice reproductive n’est pas un sujet réservé à l’« autre côté du monde ». Ce n’est pas un problème lointain, ça nous concerne tous, ici, dans les pays du nord. Au Canada comme aux États-Unis, nous devons agir pour que les droits reproductifs ne soient pas réduits à une question géographique ou socio-économique. Nous devons garantir que tout individu, quels que soient son origine, sa classe sociale, son apparence ou son lieu de vie, puisse accéder à des soins reproductifs sans obstacles ni jugements.

Ce combat est loin d’être gagné. Mais chaque petit pas vers l'égalité est un pas vers un monde où chacun et chacune pourra décider librement de son avenir, en toute sécurité et dignité. Le chemin est encore long, mais il est essentiel de continuer à défendre ces droits comme des droits humains fondamentaux. Parce qu'une société juste et égalitaire passe par la reconnaissance de l'autonomie reproductive de chaque individu, sans exception.

 

 



Au Québec, plusieurs groupes communautaires et organisations militent pour la justice reproductive, l'accès aux droits sexuels et reproductifs, ainsi que pour l'autonomie corporelle. Voici quelques exemples d'organisations qui travaillent spécifiquement sur ces questions :


  1. La Fédération du Québec pour le Planning des Naissances (FQPN) :

    La FQPN est l'une des principales organisations au Québec engagées dans la défense des droits sexuels et reproductifs. Elle milite pour l'accès à des services de santé sexuelle et reproductive, y compris l'avortement, la contraception, et l'éducation sexuelle. Leur mission est de promouvoir l'égalité des genres, l'accès universel aux services de santé, et la reconnaissance des droits reproductifs comme des droits humains fondamentaux.


  2. Regroupement pour l'Aide aux Femmes Victimes de Violence :

    Ce regroupement défend les droits des femmes et lutte contre les violences sexuelles, mais inclut également des enjeux de justice reproductive dans ses actions. Il œuvre pour que les femmes aient le pouvoir de prendre des décisions concernant leur corps, en particulier dans des situations de violence domestique ou de coercition reproductive.


  3. Le Collectif pour la liberté de choisir :

    Ce groupe lutte pour garantir le droit à l'avortement et l'accès aux services de santé reproductive sans discrimination. Ils défendent l'idée que la décision de devenir parent ou non est une question personnelle et que chaque individu doit avoir l'autonomie de choisir sans obstacle juridique ou financier.


  4. Coalition des Femmes pour la Justice Sociale et Égalitaire :

    Bien que plus large, cette coalition inclut de nombreux aspects de la justice sociale et reproductive, notamment la lutte pour les droits des femmes issues de communautés marginalisées. Elle défend l'accès égalitaire aux soins, l'autonomie corporelle et les droits reproductifs, avec un accent particulier sur les populations racisées, les jeunes et les personnes à faible revenu.



Au Canada, plusieurs organisations se distinguent par leur engagement en faveur de la justice reproductive et des droits sexuels et reproductifs. Voici quelques-unes des plus importantes :


  1. Action Canada pour la santé et les droits sexuels :

    Action Canada est l'une des principales organisations au Canada qui défend les droits reproductifs. Elle milite pour l'accès universel à des services de santé sexuelle et reproductive, y compris l'avortement, la contraception, les soins prénataux et l'éducation sexuelle. Elle travaille également sur des enjeux de justice sociale, en particulier concernant les populations marginalisées, comme les femmes racisées, les personnes trans et les jeunes. Action Canada fait du plaidoyer au niveau fédéral pour l'amélioration des lois et politiques en matière de santé reproductive.


  2. Le Réseau des femmes du Québec (RFQ) :

    Bien que centrée sur le Québec, cette organisation a un impact important sur les droits des femmes à l'échelle canadienne. Elle milite pour l'égalité des sexes, y compris le droit à l'autonomie corporelle et reproductive. Le RFQ défend l'accès à des services de santé reproductives gratuits et accessibles, notamment l'avortement, la contraception et la santé maternelle.


  3. La Fédération des femmes du Québec (FFQ) :

    La FFQ travaille sur une large gamme de questions touchant les droits des femmes, y compris les droits reproductifs. Elle défend l'idée que l'autonomie corporelle des femmes doit être respectée et que l'accès aux services de santé reproductifs doit être universel et sans obstacles, que ce soit pour l'avortement, la contraception ou la santé maternelle.


  4. Canadian Women’s Health Network (CWHN) :

    Le CWHN est un organisme national qui se concentre sur les questions de santé des femmes, y compris les questions reproductives. Il se positionne en faveur de l'accès équitable aux soins de santé reproductive, l'éducation sexuelle, et la réduction des inégalités de santé liées au genre et à la classe sociale. Le CWHN milite également contre les politiques restrictives sur les droits reproductifs.


  5. The Abortion Rights Coalition of Canada (ARCC) :

    Cette organisation se concentre principalement sur la défense du droit à l'avortement au Canada, et milite pour l'extension des services d'avortement dans les provinces et territoires où l'accès reste limité. L'ARCC œuvre pour que toutes les femmes, quel que soit leur statut socio-économique, leur géographie ou leur race, puissent avoir un accès libre, sécurisé et légal à l'avortement.


  6. Sexual Health Alliance :

    Bien que moins centrée uniquement sur la justice reproductive, cette organisation se concentre sur la santé sexuelle et reproductive à l'échelle canadienne. Elle travaille pour une meilleure accessibilité des services de santé sexuelle, la promotion de l'éducation sexuelle inclusive et l'élimination des stéréotypes autour de la sexualité et des droits reproductifs.

 

Ces organisations se distinguent par leur engagement actif dans la défense des droits reproductifs, en particulier dans un contexte où certaines régions du Canada, comme les provinces des Prairies ou le Nord, connaissent des défis d'accès aux services de santé reproductive. Elles mènent des actions de plaidoyer pour améliorer l'accès aux services, sensibiliser le public et garantir que les droits reproductifs soient respectés pour tous.



Référence:

[1] L'arrêt Roe v. Wade est une décision historique de la Cour suprême des États-Unis rendue le 22 janvier 1973. Dans cet arrêt, la Cour a déclaré que le droit à l'avortement était protégé par la Constitution américaine, en se basant sur le droit à la vie privée découlant du 14e amendement. La décision a annulé les lois des États qui interdisaient ou restreignaient sévèrement l'accès à l'avortement, estimant qu'elles étaient inconstitutionnelles.

La Cour a établi que le droit à l'avortement devait être équilibré avec les intérêts de l'État dans la protection de la santé maternelle et de la vie potentielle. Cette décision a permis aux femmes de choisir légalement d'avorter dans les premières phases de leur grossesse, avant la viabilité du fœtus (environ 24 semaines).

Cependant, l'arrêt Roe v. Wade a été abrogé en 2022 par la décision de la Cour suprême dans l'affaire "Dobbs v. Jackson Women's Health Organization", ce qui a rendu les lois sur l'avortement de nouveau une question de compétence des États, permettant à chacun de les réguler comme bon lui semble.

 

 
 
 

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