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Les défis du postnatal

Dernière mise à jour : 20 juil.


photo: Jonathan Borba libre de droits (Pexels)
photo: Jonathan Borba libre de droits (Pexels)

 

Par Nathalie Albertini

Juin 2021

 

 

Es-tu issue d’une famille de culture à tendance collectiviste ou plutôt influencée par la société individualiste, celle qui prédomine dans notre Québec natal ou adoptif? On peut se sentir intégré depuis plusieurs générations à notre milieu, la culture de notre famille et les influences de nos parents ou grands-parents sont réelles dans nos perceptions.

En attendant bébé, on se demande souvent d’où l’on vient et qui on est, nos valeurs, qui est notre réseau, l’implication de notre famille, quels amis on veut garder autour de soi. Quand un bébé doit naître, ces questions deviennent essentielles. Ton postnatal, la période de l’après-naissance est sensible, et les réponses à toutes ces interrogations vont te frapper dans l’expérience.

 

Une période sensible

La période postnatale est un vortex incroyable de transitions et de transformations. Il y a les changements physiques, amorcés par la grossesse, consacrés par la naissance. Le bébé ne sera plus en développement dans ton ventre, mais plutôt dans tes bras. Ton ventre va désenfler tout doucement, les organes vont tenter de retrouver leur place dans ce corps qui a su faire la place pour fabriquer un petit être de A à Z. C’est juste incroyable et si rapide quand on y pense vraiment! Oui, je sais, ce n’est pas si rapide ces 9 mois quand on est pressée de voir le petit nez de notre progéniture, et quand on se sent exploser, à bout de souffle, incapable de mettre ses chaussures soi-même…

Les quelques semaines qui suivent la naissance concernent toutes ces adaptations. Pour le bébé, il s’agit de l’ouverture de ses systèmes, et de leur utilisation graduelle. Parfois les débuts ne sont pas faciles. Respirer seul, gérer son petit cœur qui bat, utiliser son système digestif pour assimiler des nutriments par exemple, représente beaucoup d’efforts. Mais il le fait, et plus il est accueilli dans ses besoins, plus il/elle va faire ses transitions de façon fluide et sereine. Il va maturer, et son quotidien va devenir plus facile chaque jour.

Et puis, il y a les transitions psychiques. Pour la mère et son ou sa partenaire, c’est une métamorphose vers cette nouvelle fonction parentale. Entre les émotions et les nouveaux gestes, le processus est bouleversant. Beaucoup de craintes, de nouveautés. Beaucoup d’amour, de découvertes, de douceur. Une écrasante responsabilité. Un vertige parfois tout doux qui se déguste, et parfois paniquant à vivre.

On dit que la période sensible correspond environ de 4 à 6 semaines postnatales. Il s’agit essentiellement;

-        Du temps moyen pour une mise en route de ton allaitement,

-        De la période où les réflexes archaïques de bébé guident ses apprentissages,

-        Du temps nécessaire pour partager le microbiote « de base » en famille, c’est-à-dire coloniser le nouveau-né de ton bagage de microbes et virus et que le lait maternel réponde à cet environnement pour protéger ton bébé,

-        D’apprivoiser les gestes de soins basiques pour s’occuper de ton nouveau-né,

-        Pour toi de récupérer minimalement de l’accouchement et de t’accoutumer à dormir différemment en plus d’apprendre de nouvelles choses à chaque minute.

 

Naissance d’une famille; transitions psychologiques

On l’a vu, la période postnatale est chargée de changements. Il faut s’accoutumer à de nouveaux rythmes, et de nouvelles façons d’être bien dans nos besoins d’adultes qui deviennent des parents. Tu auras l’impression souvent qu’il n’y a plus de place ni de temps pour cette femme à part entière qui se sentait libre de ses gestes, désirs, qui s’organisait en fonction de ses humeurs. Avec cet enfant présent, si dépendant durant les premiers mois de sa vie, la perspective d’être « coincée » dans ce rôle exigeant peut en rebuter plusieurs. Si tu es parmi ces mères paniquées de perdre leur vie de jeune fille, saches que tu n’es pas la seule. La plupart des mamans occidentales frappent tôt ou tard ce mur. Faire les choix les moins dommageable est souvent la seule façon de fonctionner. L’environnement n’encourage pas réellement ces transitions de rôles et l’acquisition normale – et chaotique -des nouveaux impératifs que cela suppose.

 

En fait, plusieurs éléments expliquent que nous nous sentions malheureuses de devoir choisir un rôle ou un autre.

 

 

Un rêve irréaliste

La société nous recommande beaucoup de choses, comme de « bien manger » mais sans nous éduquer, ni fournir les moyens de s’alimenter sainement facilement. Pareil pour allaiter. C’est mieux pour le bébé, c’est « meilleur » pour sa santé. Mais que les mères soient seules avec leurs problèmes d’allaitement, sans ressources ni professionnelles compétentes pour les soutenir, le système s’en fiche. Sentez-vous coupable, mais nous n’avons pas de ressources pour vous aider. C’est juste fou la pression sur les épaules des nouveaux parents débutants.

On devrait tellement faire ceci ou cela pour devenir un bon parent. Les mères surtout ont une pression continue pour s’approcher d’une sorte de perfection idéalisée, complètement irréaliste, et à l’opposé de ce qu’est la vie en général. Accepter que la vie est loin d’être rose et remplie d’arc-en-ciel, accueillir les nuages et les moments moins faciles, fait partie des mécanismes de notre psyché. Nos émotions ne peuvent pas être lisses et faire face aux aléas du quotidien dans la vie courante, pourquoi le faudrait-il dans cette période tellement bouleversante? C’est faux de croire que devenir parents est une joie uniforme et constante qui émerge dans l’amour inconditionnel! On devient parent avec ce que l’on est. L’histoire de notre vie, de notre éducation façonne nos pas et nos mécanismes de réactions. Chaque individu aura sa manière d’accueillir ce petit être à aimer, et le prendra en faisant son chemin

L’épuisement de devoir tout faire seule, de porter la charge physique et mentale est réel. La maman de nos jours devient très rapidement fatiguée et dépassée par ces attentes que la société place en elle, et de facto qu’elle croit souvent être ses propres désirs. Jamais satisfaite, l’impression de vivre à côté d’elle-même, de ne pas pouvoir rencontrer l’idée qu’elle avait en tête avant d’accueillir son bébé. Dans cette voie, la dépression n’est jamais vraiment loin pour celle qui attend sans cesse une illumination.

 


photo: Luana Freitas libre de droits (Pexels)
photo: Luana Freitas libre de droits (Pexels)

Sale solitude injuste

La solitude des mères dans ce qu’elles vivent en postnatal dans ce quatrième trimestre (de grossesse) est tout simplement insensée. Pensez à toutes les cultures où l’allaitement est une norme. Aucune mère n’est laissée à elle-même après la naissance, ou après les 3 semaines de congé parental du conjoint – ou de la conjointe. On la rapatrie chez la figure maternelle ou en tous cas dans le giron de celles qui vont prendre soin de la mère, qui elle va exclusivement se consacrer à coller son bébé et lui donner le sein à volonté. Quand cette mère a besoin de repos, d’un temps pour elle (prendre sa douche?!), d’autres bras bienveillants vont bercer l’enfant pour ne pas le laisser pleurer. Car ce bébé se réveille à tous les coups si on le dépose dans son petit lit mignon, qui ne sert jamais ou presque.

Dans ces sociétés où on partageait les soins des mères et des bébés, le fait de devenir parents revêt souvent un caractère sacré, c’est la consécration d’un statut très valorisé par le groupe, et les femmes se sentent fière d’accoucher et devenir parent. Autrement, du côté moderne et individualiste, le maternage exprime davantage un manque de liberté, un renoncement à l’accomplissement personnel, l’empêchement d’être heureux et d’avoir tout son temps pour l’être. Si peu de représentations qui montrent la mère comme une femme accomplie, heureuse et épanouie! On nous dit plutôt qu’elle doit continuer à travailler, à étudier, être performante, redevenir mince comme une adolescente instantanément, désirable, etc. Les nouvelles mamans se sentent si seules.

 

Les soins et les transmissions des pairs

Se faire dorloter par les gens qui nous aiment. Il y a souvent le partenaire en première ligne, au moins durant le temps de son congé parental. Accepter que les rôles habituels soient chamboulés. Prendre son soutien et ses mots d’encouragement comme le coureur accepte les soins de son équipe de coachs.

Chercher les bons spécialistes. Faire venir la consultante en lactation pour des difficultés d’allaitement, l’ostéopathe pour décoincer le torticolis de bébé, et voir rapidement un psychologue si les transitions sont difficiles à vivre. Demander de l’aide au (à votre) médecin est essentiel pour aller chercher spécifiquement ce dont vous avez besoin pour passer à travers un défi durant cette période fragile.

Il est si important d’être entourée. D’abord par nos pairs. Tu verras en postnatal que tu auras le réflexe de vouloir rencontrer d’autres mères, de participer à des activités avec les bébés, faire du sport en groupe ou des ateliers pour la diversification alimentaire par exemple. Il existe des initiatives dans le milieu communautaire pour cela, peu importe le prétexte; une halte-allaitement, un atelier sur le portage. Sors de chez toi et brise l’isolement. Dès que possible! Très vite! Vas sur des forums d’échanges, des groupes se forment sur les réseaux sociaux. Savoir que d’autres vivent la même chose que toi peut être d’une aide inestimable pour normaliser et relativiser les émotions fortes que cela génère parfois. On apprend tellement auprès d’autres parents. Pas parce qu’ils ont trouvé une recette infaillible, mais par le cumul de toutes les histoires entendues, l’expérience des autres t’aidera à faire ton bagage d’essais et erreurs nécessaires aux apprentissages. Parfois, les autres vont t’agacer avec leurs conseils gratuits (et si souvent non-sollicités), mais on apprend de tous les parents qui veulent partager leur vécu, même si parfois la conséquence pour toi sera de faire exactement le contraire de ce que tu as observé! Au moins, tu apprendras auprès de certains ce que tu ne veux pas du tout pour toi et ton enfant.

 

Le rôle de soutien de la famille

La famille étroite et les liens forts qui font partie de ta vie affective doivent compter durant le postnatal. Ce n’est pas toujours notre propre mère ou les frères et sœurs qui sont là, présents et disponibles pour nous soutenir. Mais nos proches attendent parfois uniquement que nous en fassions la demande pour se rendre utiles. Pour d’autres, ce sera une meilleure amie, une voisine ou une figure maternelle d’adoption qui jouera ce rôle si important. On a besoin d’aide en postnatal, cette période sensible plus que jamais autrement. Si vous êtes éloignés de toutes les personnes significatives qui pourraient s’impliquer, le monde moderne a prévu le coup. Il existe des services de doulas postnatales qui offrent du répit pour les parents. Cela peut être des heures de jour ou de nuit pour s’occuper du bébé pendant que les jeunes parents se reposent, de gérer un ménage léger, un repas pour la mère, faire quelques courses. L’avantage d’une professionnelle qui ferait quelques heures de soutien par semaine dans votre foyer, c’est qu’elle aussi de l’expérience avec l’Accouchement et ses suites, elle connaît bien l’allaitement. Elle peut être une marraine de bon conseil pour répondre à toutes ces questions qui vous viendront au jour le jour. Encore une fois, dans les cultures plutôt collectivistes, la prise en charge des nouveaux parents leur permet de se concentrer sur les défis du corps et de la tête qu’il faut affronter sans se questionner sur la charge quotidienne. Pas de courses, de ménage, confection de repas, de transport pour les divers rendez-vous, etc.

 

Pour démarrer dans ta vie de parent et accueillir ton bébé à 100%, entoures-toi de personnes soutenantes, et fais-toi une famille de cœur qui saura réellement être présente selon tes besoins et ceux de ton ta conjoint-e. Voilà qui fera toute la différence!


Juin 2021

Nathalie A. pour "Le blog du lait"

 
 
 

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