Poème: Le procès-vebal
- Nathalie Albertini

- 25 mai
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 juil.

C’est écrit noir sur blanc
Mais il neige blanc sur noir
Une province en mouvance
Enfouie sous le gel
Explosion partant de l’intérieur
Où se battent les injustices
D’un peuple sans créances
Je n’y crois pas
Tout couvert de poussière
Manuscrit sillonné ; l’égalité
Celle des petits des enfants monarques
Qui se serrent les uns contre les autres
Égales dictions d’ambitions
Égales cassures de bonnes chances
De vieillir tout doucement
Naître et mourir au même endroit
Égales naissances de sociétés
Crayons de hasard tracent l’avenir
Je n’y crois pas du tout
Égale ma foi qui doit crier courage ?
Redouter l’école pour croire à demain
Apprendre d’un passé difforme qui crie à l’horreur
En quoi cela nous appartient ?
Brisures de démocratie
Agenouillées à l’autel du désarroi
À la poutre République
Le peuple à la corde bien pendue
Expression égosillée de barbares
Sans laisser la machine écouter les pleurs
Égales larmes devant l’absurdité
Je n’y crois pas
Document imprimé ; la liberté
Dans la nuit de gorges sans voix
Aucun son qui dit : « à moi ! »
Que j’existe dans l’âme de la Terre
La fleur cousine encore essoufflée
Entachée de l’armure métallique
A oublié parenté, amitié et consanguinité
De croyances puériles et d’amours blessés
Grèves d’histoires d’un passé encombré
Héritage de malheurs et de vides
Pensées violées langage avorté
Je n’y crois pas
Liberté de créer toute misère voulue
Toutes griffes acérées de survie
Volez-vous des instants d’éternité !
La liberté, ça se paye très cher mon bon monsieur
Curage de cerveau tout inclus
Vieilles idées de vainqueurs
Révolutions qui tournent dans le vide
Liberté de suivre la pauvre meute
Fourmilière abreuvée de mensonges
Boire cette perspective pour ne pas mourir de soif
Je n’y crois pas
Paragraphe ébauché ; citoyen
Cœur d’argile séparé de ses semblables
Reste seul dans peine et tourment
Ton combat encore plus noble pauvre héros
Ta patrie sera fière de ton anonymat
Toutes les guerres justifiées
Dictatures appuyées oppressions approuvées
Économie qui nous forge mon citoyen
Je te repousse parce que tu ne peux pas comprendre
Je n’y crois pas
Petites boucles de grands enfants
Grande folie d’hommes sans visages
Apportez votre bulletin dans l’urne de votre choix
Satisfaire l’esprit de l’ensemble
Changer le monde d’une poignée d’hommes
Éphémère succès qui n’éclaboussera pas
Politique convaincue de pouvoir tisser sa toile
Araignée de pouvoir meurtrière
Des vils insectes que sont les citoyens
Je n’y crois pas du tout
Une chartre érigée à faveur de justice
Hypocrite protection des plus gras
Placebo de nos corps épuisés
Ceux des petits dans la lutte des temps
Caractère du petit est tenace
Il est Phoenix il est Titan
Je le crois
Absorption de douleurs devient courage
À l’image du pissenlit jaune
Jetant la lumière au carré de l’asphalte
Rassembler le soleil et le redistribuer
Faute de mieux prendre le meilleur
Et le prendre entre tous nos bras
Monde flamboyant de couleurs d’équité
Dans l’élan de vrais sourires de vraies questions
Voyager notre terre dans tout un univers
Qui veut croire ce qu’il est
Je veux croire ce qu’il est
2000, Montréal


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